Avant la Guerre de Trente Ans, plusieurs localités de la seigneurie possédaient un four à chaux. Les carrières de roche calcaire et les forêts fournissaient en abondance matière première et combustible. Les débouchés étaient constitués par des besoins de chaux lors des travaux de réfection et d’agrandissement des bâtiments seigneuriaux. Il est possible et même probable que les particuliers pouvaient se procurer ce matériau essentiel alors pour la maçonnerie. Cependant, Farébersviller occupait une place à part dans la seigneurie en ce qui concernait la fabrication de chaux.

Le brûleur de chaux attiré (« chauffournier ») fut pendant au moins un demi-siècle un membre de la famille Flock-Fluck. Il officiait ainsi non seulement à Farébersviller même (où un four à chaux est cité dès 1587) mais à Cocheren, Hombourg, Valmont … etc.

Adam Fluck, officiait comme brûleur de chaux en 1583-1598 assisté par son fils Nicolas qui prit la succession dès les années 1583-1587 et resta « chauffournier » jusqu’en 1626 ! L’année suivante, en 1627, un certain Hans Adam est cité comme successeur de N. Fluck.


Bruleurs de chaux pm 
(Tableau peint par L. Kleinhentz)


Quelle est la condition de brûleur de chaux seigneuriale qui habitait à Farébersviller ?
Une longue requête de N. Fluck datée du mois d’août 1625 donne des renseignements précieux. Fluck y déclarait exercer depuis quarante années de charge de « chauffournier en l’office de Hombourg et Saint Avold » Durant ce temps, on lui avait toujours versé 12 frs pour chaque production de chaux provenant d’une « cuisson ». Cette chaux servait « à la réfection nécessaire du chasteau dudit Hombourg et aux usines ». Ses seuls « privilèges » consistaient à être dispensé du guet et des corvées au château. Vers 1625, les travaux de fortifications nécessitaient une telle quantité de chaux que Fluck n’arrivait plus à suivre. Il employait à cette date « 3 ou 4 personnes servantes de manouvrier pour assister à porter pierre et bois ».

Il demandait une réactualisation de son salaire et suggérait qu à chaque cuisson le paiement passe de 12 frs à 24 frs : on lui accorda seulement une prime de 60 frs (exceptionnelle et unique pour la durée des travaux de fortifications). De ce fait, on continua à lui payer la chaux au tarif des années 1580 ! On ignore s’il était loisible à Fluck de fournir les particuliers et à quel tarif ? Avec les débuts de la guerre de Trente Ans, le four à chaux de Farébersviller s’éteignit et la charge de brûleur seigneuriale disparut.

Le cadastre de 1836 mentionnait encore le « Kalckbrennersgarten » (jardin du brûleur de chaux) faisant allusion à l’emplacement de sa maison et de sa parcelle sur laquelle était bâtie. Les comptes des années 1580 signalent déjà un cens de 2 chapons assigné sur cette maison et sur son sol. Les guerres du XVIIème siècle firent disparaître le four à chaux et la Révolution abolit le cens, mais la mémoire populaire pérennisa le souvenir de cette ancienne activité durant encore bien des décennies.