Il ne reste pas grand chose du magnifique clocher roman dont la paroisse pouvait s’enorgueillir jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Les combats de la Libération et plus encore le vandalisme ont défiguré ce témoin de huit cents ans de l’histoire de Farébersviller. Deux historiens, H. Gerlinger et H. Collin ont étudié cette tour et apporté nombre de précisions fort utiles pour connaître le contexte dans lequel avaient été bâties les tours rondes de la région. Mais la date tardive de leurs travaux (1957 et 1981) basés essentiellement sur une observation récente de la maçonnerie et les maigres sources imprimées, nous incite à reprendre l’étude de l’histoire de ce monument.
Les documents ecclésiastiques et communaux des XVIIIème – XIXème siècle pourtant nombreux, n’apprennent rien de précis sur la tour : il ne semble pas qu’on y ait effectué à cette époque de travaux majeurs (percement, nouvelle flèche, …)

Les visites canoniques de 1698 et 1751 parlent, l’une, de la tour « en l’état », l’autre signale « un clocher solide et bien couvert ».

En 1926, les vieilles ardoises de la flèche furent remplacées en même temps que la boule se trouvant à la base de la croix et le coq surmontant.

Les combats de 1944 provoquèrent des brèches dans la partie supérieure de la tour tandis que les ardoises et l’ancienne charpente de chêne de la flèche étaient criblées d’éclats. Les photos d’époque montrent que ces blessures étaient nullement irréparables mais les circonstances et les responsables locaux en décidèrent autrement. En 1945, la flèche fut jetée à bas à l’étage supérieur de la tour rasé, tandis qu’en 1956-1957, la reconstruction d’un clocher dans le style de l’époque (malgré l’avis défavorable de la Commission d’art sacré), entraînera la défiguration de ce qui restait de la tour (crépi moderne avec des pierres de taille en saillie, destruction de l’ancienne porte d’entrée voûtée pour faire passer les cloches).

Il reste fort heureusement les relevés des mesures prises vers 1920-1927 par l’abbé Touba et le curé Antoine Pâris, des photos d’avant la destruction et les témoignages pour compléter les articles de deux historiens cités.
H. Collin attribue le gros œuvre de la tour au XIIème siècle finissant et rattache celle-ci à la famille des tours rondes de la région dont la raison d’être n’est toujours pas élucidée.

En 1927, le curé Antoine Pâris décrit ainsi l’édifice :
« Rond à la base et dans sa partie inférieure, le clocher prend tout en haut une forme octogonale. Les murs ont une épaisseur d’un mètre. En bas, mesuré à l’intérieur, il a un diamètre de 3.30 m. La hauteur est de 15 m sans la flèche qui mesure environ 10 m. La croix qui surmonte est haute de 3 mètres ».

D’autres documents sûrs donnent une hauteur totale de 27 m sans la croix.

La tour comportait à l’origine 3 portes. Celle qui permettait d’entrer depuis l’extérieur avait 1 mètre de largeur et moins de 2 mètres de hauteur : sa belle voûte en plein cintre a été remplacée par une ouverture rectangulaire en 1957. Une deuxième porte permettait de passer de la tour ancienne nef : c’était du reste la seule voie pour pénétrer dans la vieille église fortifié devenue inutile en 1758 avec la nouvelle nef dotée d’une grande porte d’entrée, elle fut ensuite maçonnée avant d’être restaurée en 1992.

Une troisième porte se trouve en hauteur et permet de passer de la tour au grenier de la nef.

En plus des trois portes, deux lucarnes ou très modestes meurtrières apparaissent perpendiculairement à la porte d’entrée, confirmant le caractère fortifié du bâtiment original. L’ancienne partie supérieure, couronnée par une corniche octogonale chanfreinée, comportait une baie romane à chacun des points cardinaux : elles étaient destinées à faciliter la propagation du son des cloches et peuvent être été ajoutées ou agrandies plus tardivement.
Avant que le crépi ne vienne recouvrir l’édifice, on distinguait très nettement la construction en « petit appareil ».

A l’intérieur de la tour, deux plateformes superposées en bois reliées par des escaliers rudimentaires, permettaient d’accéder à l’étage de l’horloge (XVIIIème siècle) et à celui des cloches.

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Suite au mitraillage effectué par les Américains, le 27 novembre 1944, dans la toiture du clocher, un observateur allemand fut grièvement blessé et agonisa devant la grotte.


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