Les découvertes de l'époque du «Bronze final II b» (950 à 850 avant J-C.)

Au mois de juin 1991, des travaux de prospection archéologique sur le futur parc d'activités du district de Freyming-Merlebach ont livré, entre autres découvertes, une cache de bronzier contenant un important lot d'objets de bronze. Cette cache se trouvait dans l'îlot formé par l'ancien et le nouveau tracé de la Départementale n°29 (lieux-dits «Vor dem Studen» et «Winkel») tout près du ruisseau. La découverte doit sans doute être mise en relation avec le développement d'une métallurgie liée à l'exploitation des mines de cuivre à azurite de la région de St-Avold et de la Sarre. On a cru voir dans l'existence des dépôts ou cachettes d'objets en bronze, le signe «d'une aristocratie marchande dominant les grandes voies commerciales». Cette importante découverte ne permet toutefois pas encore d'apporter des précisions sur l'occupation humaine du ban de Farébersviller. On peut toutefois en déduire la proximité d'une voie de communication d'une importance certaine et l'existence de sites habités dont la localisation et l'importance précises demeurent pour l'instant dans l'ombre. La fosse qui contenait les objets en question était de forme circulaire ( environ 0,45 m de diamètre), creusée dans les colluvions et le fond était légèrement concave. On y a trouvé des outils et des bijoux qui venaient d'être coulés et d'autres, usés et cassés qui étaient destinés à être refondus. Le détail de cette trouvaille se décompose de la manière suivante:

 

Nature de l'objet                                        Quantité
 Anneaux   4
 Boucles de harnachement  2
 bracelets  19
bracelets cylindriques 

6

bracelets cylindriques décorés 2
bracelets de bronze 1
bracelets décorés  1
bracelets type Vaudrevange 7
bracelets filiformes soudés 30 à 40

fragments de bracelets 

4
couteau et fragment de couteau 1+1
ciseau à bois 2
épingle à tête vasiforme  1
faucilles 22
fil de bronze 1
fragment de faucille + pointe 1+1
gouge 1
goutte de coulée 1
goutte de bronze  5
haches à douille  5
haches à aileron + fragment  7+1
fragments de hache 2
loupe 1
loupes de bronze 8
marteau à douille 1
pointe de lance  1
rivet 1
fragment de tôle de bronze 1
 

Total environ 

150 objets

Les bijoux représentant sensiblement 60% des pièces et les outils et armes 40 %

 

1854 (avril) : « Des ouvriers occupés à extraire des pierres dans un champ situé aux environs de Farébersviller, Canton de St-Avold, ont découvert plusieurs squelettes auprès desquels on a trouvé
- 8 épées dont 2 à double tranchant
- 4 fers de lance
-1 éperon à pointe sans molette -1 casque rond en fer
- 2 pièces de monnaie malheureusement indéchiffrables
- desboucles de ceinturon, de la verroterie coloriée, un petit pot rond en terre, etc. Les corps avaient été placés à une distance de 35 à 45 centimètres. Ils n'étaient recouverts que de 20 à 25 centimètres de terre, sans doute à cause du sol extrêmement pierreux ; tous étaient tournés vers le levant. Précédemment déjà on avait trouvé en cet endroit, quelques squelettes et des vestiges de constructions.
L'état de conservation des ossements n'a pas permis de faire remonter ces inhumations au delà de la 1ère moitié du XVIIème siècle, époque de l'invasion des Suédois.»

A propos du texte de Chabert, on ne fera pour l'instant que deux remarques : - l'attribution à l'époque de la guerre de Trente ans est manifestement une erreur que l'on peut attribuer aux préjugés de l'époque où l'archéologie n'en était qu'à ses balbutiements.
- des trouvailles précédentes avaient été faites au même endroit mais aucune relation écrite n'en a été donnée.

Au mois d'août 1854 une nouvelle découverte eut heu à Farébersviller : elle fut heureuse¬ment signalée à un archéologue confirmé puis à un érudit qui en tirèrent la matière, le premier, d'un long article savant, le second d'une courte notice non dénuée d'intérêt.

Etant donné la longueur de l'article nous en donnons une analyse synthétique en ne gardant in-extenso que les parties les plus importantes.
«Au mois d'août 1854, un habitant de Farébersviller (le Sieur Eglof f), découvrit, en bêchant son jardin, plusieurs fosses renfermant des ossements, des armes en fer, des colliers et des débris de vases. Il en prévint M. Pauly, de Puttelange, qui eut l'extrême obligeance de me faire remettre la plus grande partie de ces objets. Tel était primitivement le produit de cette trouvaille « :
- 6 scramasaxes (épées de fantassins)
- 4 spathia (épées de cavalerie)
- 8 couteaux ou poignards
- 5 fers de lance
-1 umbo en fer (ornement central de bouclier)
- plusieurs boucles de ceinturons de grandeurs diverses, en fer, damasquinées en argent et garnies de clous en cuivre à tête bombée.
- des parcelles de colliers, dont les grains en verre, en ambre ou de pâte vitreuse sont de forme ronde, ovale ou cylindrique et ornées de mouchetures ou marbrures jaunes, blanches et noires. A un de ces colliers était également suspendue une médaille de l'empereur Constantin II (335 à 340)
-1 éperon en bronze
- des débris de vases en verre ou en terre noire, rouge et grise.
«N'ayant pas assisté à l'ouverture des fosses, je regrette de ne pouvoir fournir aucun renseignement, tant sur l'orientation des tombes que sur la manière dont les armes s'y trouvaient placées» précisait Dufresne.
Celui-ci, se basant sur la médaille de Constantin II fixait l'époque de ces inhumations «gallo-frankes» vers les années 335 à 340 après J-C.
L'ensemble des objets passèrent ensuite dans la collection du mécène et archéologue sarregueminois E. Huber avant d'être acquis pour une partie par le Musée de Metz où ils se trouvent toujours.
En 1860, L.B. de St Martin consacra une brève notice à Farébersviller dans son «Atlas géographique, statistique et historique du Département de la Moselle». L'ouvrage ap¬porte quelques renseignements supplémentaires sur les découvertes d'août 1854 : «En 1854, peut-on y lire, un habitant de ce village a découvert, en exploitant une carrière de pierre à chaux, à quelques mètres de profondeur, des fondements d'un vaste et ancien édifice et plusieurs fosses renfermant des ossements, des armes, des colliers et des débris de vases. A l'un des colliers était suspendue une médaille de l'empereur Constantin II (335-340)». A la lumière des données que l'on possède au sujet des trouvailles «mérovingiennes» de Farébersviller, il convient de dresser un bilan.
- Les découvertes d'avril et d'août semblent bien avoir été faites sur deux sites même si L.B. et St Martin mélange l'exploitant de la carrière de pierre à chaux (avril 1854) avec le «jardinier» d'août.
- La «carrière de pierre» ( un champ où le calcaire coquillier affleurait ) d'avril 1854 est composée d'un «sol extrêmement pierreux» et de «vestiges de constructions».
- Le «jardin» d'août 1854 contenait «plusieurs fosses» ; son propriétaire ou locataire s'appelait Egloff. Les Egloff sont trop nombreux à l'époque pour que le cadastre puisse nous être d'une grande utilité pour localiser la pièce de jardin en question. Malgré le luxe de détails donnés par Chabert, Dufresne et St Martin, il manque un point essentiel : la localisation exacte de l'origine de ces trouvailles.

 

Extraits de Xavier Blum "Histoire de Farébersviller".

 

gravure