La bataille de Farébersviller


La bataille de Farébersviller ? Voilà un titre qui a de quoi surprendre !

Vouloir rivaliser avec celles de Crécy ou de Marignan, loin de nous cette prétention !

On parlera toujours de la bataille d’Austerlitz comme d’une bataille géniale livrée sur un front unique par une armée française rusant avec son adversaire austro-russe. Et si les moyens logistiques sous l’ère napoléonienne étaient comparativement bien modestes face aux tonnes de poudre TNT développés depuis sur les fronts de bataille modernes, la ruse, enfant chéri de chefs  audacieux, restera toujours l’aiguillon qui stimule la victoire.

La bataille de Farébersviller, non pas un titre pompeux mais une péripétie, un épisode sanglant dans l’histoire de la Libération de la Moselle et celle de la France. Du 28 novembre au 4 décembre 1944, les Volksgrenadier de la 17ème Götz von Berlichingen, très inférieurs en nombre, ruseront et créeront la surprise en bloquant leurs adversaires à Farébersviller, durant une semaine avant de plier sous le nombre et de retraiter vers Sarreguemines.

Il nous semble difficile d’étudier une bataille de manière épisodique sans devoir la remplacer dans le contexte de l’époque. L’on comprendra alors mieux sa genèse si l’on aborde en amont ses origines puis son déroulement.

Le sujet va s’articuler ainsi :

a)       situation stratégique générale,

b)       chronologie spécifique de la bataille de Farébersviller s’appuyant

         - sur les recherches menées par René Caboz, historien lorrain,

         - sur le timing opérationnel de la 80ème division d’infanterie US qui a été extrait de livres et de documents  américains, et même de sites internet,

         - sur le Kriegstagebuch (journal de campagne) et les ouvrages évoquant le mauvais tour joué par la 17ème SS Götz von Berlichingen au 317ème régiment d’infanterie US,

c)       les témoignages des villageois, le récit des combattants allemands et américains,

d)       le compte-rendu de Victor Formery, jeune acteur lors de ces événements et déjà historien en herbe.

« Harte Kämpfe bei SCHERBURG ! » (Sévères combats près de Cherbourg) serinait depuis des semaines une radio sous la coupe du Dr. Goebbels. La poche de Cherbourg tardait à tomber, les Alliés avançaient difficilement dans le bocage normand.Là-bas déjà, les snipers SS de la 17ème Götz von Berlichingen en faisaient voir de toutes les couleurs aux Boys, ils allaient récidiver 175 jours (un semestre) plus tard dans notre secteur.

Le 20 juillet 1944, le Durcheinander (désorganisation) liée à l’attentat contre Hitler avait montré la fragilité du régime, on sentait du flottement dans l’air jusqu’aux échelons inférieurs.

La délivrance de Paris (25 août) soulagea les esprits mais incitait malgré tout à la prudence car il fallait mesurer ses propos face à l’occupant. La chevauchée fantastique des chars de Patton semblait irrésistible avec les razzias opérées sur les dépôts d’essence allemands de Châlons-sur-Marne.

Cependant, en Moselle-est, des panzers en surnombre arrivaient de l’Italie du Nord, car là-bas, on avait réussi à consolider la ligne Gothic tenue par Kesselring.

« Italiener, Italiener, Italiener, dein Land wird immer kleiner,

Sizilien haben Sie genommen, nach Rom werden Sie auch kommen ! » (traduction : Italien x3, ton pays devient toujours plus petit, ils (les alliés) ont déjà pris la Sicile, à Rome ils parviendront aussi) chantaient ironiquement les tankistes à tête-de-mort qui, en ce début septembre, avaient mis à sac les châteaux du Piémont et montraient avec fierté leurs prises de guerre. Non, les fougueux Panzermänner ne s’arrêteraient pas là car ils allaient passer une déculottée aux Amiss ! (témoignage de M. Erwin Opfermann). 

 « Il est impossible de former une ligne de défense cohérente pour le moment ; il est nécessaire de gagner le plus de temps pour permettre l’arrivée de renforts avec le garnissage du West Wall (défenses Ouest) ».

Hitler qui avait senti le danger d’un débordement possible de Patton par la Lorraine vers le Reich allait réagir.

Dès le 24 août, le Führer avait donné ordre de préparer la position à l’ouest de la ligne Siegfried. La 17èmeSS, épuisée par les combats de Normandie était re-complétée puis envoyée en avant-­poste à l’ouest de Metz à cheval sur la route de Verdun, le 2 septembre.

L’arrivée présumée de Patton avait semé le trouble dans les rangs allemands ; les hommes du parti nazi s’étaient enfuis de Metz. La panique atteignit même certains établissements militaires qui mirentle feu aux munitions sans en avoir reçu l’ordre !

Le Gauleiter Bürckel qui s’était enfin ressaisi mobilisa la population civile à la construction des ouvrages de défense. Mais l’atermoiement coupable de l’homme-lige du Führer conduira le satrape à sa perte. Bürckel a-t-il été suicidé ou est-il mort d’une crise cardiaque comme le prétendit l’édition de la Westmark Zeitung ?

L’armée de Patton qui talonnait de près l’arrière-garde ennemie marquait cependant le pas au grand soulagement de l’Ober Kommando des Heeres (O.K.H.), autant parce qu’elle manquait de gazoline (pink blood = sang rose) qu’elle était tributaire de carnages meurtriers. L’ennemi s’étant bien ressaisi, les attaques américaines se soldaient maintenant par des pertes disproportionnées face aux maigres gains de terrain réalisés.

Suite aux ordres d’Eisenhower qui avait privilégié l’attaque sur Nimègue, le secteur de Metz entra le 25 septembre dans une phase défensive. La pause d’octobre s’éternisait au grand mécontentement de Patton.

Mais, face au fiasco britannique de Montgomery à Nimègue-Arnhem, conséquence de l’évacuation de la tête-de-pont anglaise sur le Rhin inférieur, Eisenhower changea de stratégie : il ordonna de prendre d’abord possession d’un port, (celui d’Anvers lui convenait) avant de foncer, avec une logistique décuplée et un rush irrésistible, sur Berlin que lorgnait avec envie l’Armée Rouge de Joukov ayant déjà franchi les portes du Reich, côté polonais.

Rongeant son frein, le bouillant Patton (qui se souvenait de la gifle qu’il avait assénée à un blessé en Italie, gifle qui avait failli briser à jamais sa carrière) partait visiter les cantonnements et s’enquérir du bien-être de ses troupes, histoire de s’attirer le pardon de l’opinion publique. Lui qui rêvait de « chasser l’ennemi aussi vite que l’expulsion de la m… du cul d’une oie » avec des moyens appropriés, ne pouvait se résoudre à l’inactivité.

Il manœuvrera si bien auprès du SHAEF qu’il obtiendra l’autorisation d’effectuer « des ajustements mineurs » en attendant mieux.

Le temps des victoires redémarrera le 7 novembre avec l’offensive générale sur la Moselle (libération de Metz, du bassin houiller et ruée vers la rivière Sarre). L’offensive dans les Ardennes arrêtera sa progression en Sarre.

Alors qu’est-ce qui se passe en septembre 1944 à Farébersviller ? Devant les atermoiements des Alliés causés en partie par la pénurie de munitions, d’essence et d’équipements et surtout par le duel Patton-Montgomery, les Allemands vont se reprendre, revenir après leur fuite sur Metz et organiser la défense de la ligne Siegfried et, en amont, le mur de l’ouest, der Westwall.

Une vraie chasse à l’homme-manœuvre avait cours en Moselle-est, afin de mettre sur pied les bataillons de Schanzer, ces terrassiers creuseurs de tranchées. Les hommes et femmes du village furent réquisitionnés pour effectuer des barrages anti-chars de Biding à Cappel. C’étaient d’énormes travaux de terrassement pénibles et malsains, dangereux à effectuer car les avions alliés survolaient le secteur. Bigel Gilbert, un adolescent de Farébersviller, sera ainsi grièvement blessé, les deux chevaux de son attelage abattus par les Bordwaffen d’un chasseur U.S.

Un V.1 passant au-dessus des noyers (plantés à l’époque dans la butte, emplacement à situer près des actuels ateliers municipaux de la ville) causa mort et désolation dans le village de Tenteling. (Monsieur Nagel Roger en sera un rescapé miraculeux).

Une seconde ligne fut décidée au sud du village, sur les hauteurs du Biehl, creusée par les filles et les femmes du village, puis une dernière ligne de trois barricades, constituées de rails, de matériel aratoire et de troncs fichés dans les rues du village, sera érigée :

- devant l’ancien café Lacour,

- en bas de la côte du cimetière,

- à l’embranchement des rues des Roses et des Romains (voir témoignage Germaine Mertz, née Riss).

Les hommes servaient à tout. Obligé de suivre une cohorte de gardiens réquisitionnés pour encadrer les vaches à ramener en Allemagne, Houllé Nicolas se cacha à Diebling dans une cave. Au plus fort de la cohue et des meuglements, son départ passa inaperçu. Des villageoises, habituées au triste spectacle du bétail déjà abandonné en 1939 lors de l’exode, profitèrent de cette transhumance pour aller traire les vaches au pis gonflé ; la traite  soulageait, ô combien, certaines bêtes souffrant de mammite.

L’automne pluvieux transforma les fonds de vallées (Wiesling, abords de la ferme Bruskir) en étangs. Il s’avéra impossible de récolter les pommes de terre. Lorsqu’une journée ensoleillée se présentait, tout le monde sortait les ramasser. Mais le ciel dégagé incitait aussi les avions U.S. à voler et à venir bombarder la voie ferrée. Trois cratères de bombes dans les talus et dans le tracé des voies ont mis hors service la double ligne ferrée :

­- à hauteur du 2ème pont (non loin de la ferme Bruskir),

- dans la courbure de la rue des Cerisiers, en plein talus SNCF,

- dans la butte en face de la rue des Moulins.

Une lettre des parents de Wendel Marcel écrite le 28 octobre 1944 lui signalait que des tirs aériens tombaient sur le village et que les habitants prenaient leurs dispositions pour consolider les caves. Les prémices d’une bataille s’annonçaient.

Voici ci-contre un résumé tiré de « The Lorraine Campaign » : A Farébersviller, le long de la voie ferrée qui allait du nord vers le sud, campait la réserve tactique de la A.A.17 SS qui comprenait les Grenadiers SS du PgR 38 et de nombreux canons automoteurs légers. Ils lancèrent leurs obus sur Farébersviller et sur les bataillons américains qui traversaient la localité. Les compagnies A et C du 1er bataillon du 317ème régiment U.S. investirent les forêts au sud-est de Farébersviller et furent attaquées et malmenées vers 16 h par une compagnie et 7 tanks allemands. Seuls quelques restes purent échapper grâce à la nuit ».

Effectivement, le 29 novembre 1944 fut le jour de gloire pour la 17ème S.S puisqu’elle récupérait un butin mirifique et un nombre incroyable de prisonniers. Il sera intéressant pour nous de relire dans le Kriegstagebuch, (où tous les faits étaient minutés et transcrits scrupuleusement), les appréciations et descriptions volontairement négatives esquissées sur les captifs yankee. Les prisonniers juifs restent la bête noire des S.S. La propagande nazie, à travers des assertions fallacieuses sur l’état d’esprit (fighting-spirit) des G.I.’s veut surtout regonfler le moral de ses troupes fanatisées : elles sont victorieuses à Farébersviller par suite d’un coup de main heureux sur un riche butin de guerre ! Voilà de requinquer l’énergie vacillante der tapferen Soldaten (vaillants) !

Reste à savoir si la reiche Beute (riche butin) a bien servi à équiper en faux Américains la troupe de Peiper* lequel aurait fait fusiller, lors de la bataille des Ardennes, des fantassins U.S. à Malmédy.

Nous savons, par témoins interposés, que les avant-gardes américaines ont négligé à Farébersviller la mise en place de sentinelles lorsqu’elles ont cru le village libre de toute présence allemande. Mis au repos dans un hangar (situé à l’actuelle place de la maison d’art local) et prêts à se restaurer, la vigilance des hommes du 3ème bataillon du 317 étant nulle, 192 d’entre eux tombèrent stupidement dans le guet-apens tendu par leurs ennemis. Cette perte provoqua un mouvement de panique. Les rescapés refluèrent vers la place de l’église et le haut du village, poursuivis par les Panzergrenadier survoltés. Les témoignages recueillis précisent que les Allemands pénétrèrent dans les maisons pour cueillir les hommes débandés. Certains se défendirent courageusement : un fantassin U.S. perdit la vie dans l’étable de M. Geisler Hänzie non sans avoir trucidé son alter ego que l’on retrouva poignardé à ses côtés. D’autres corps furent retrouvés près du clocher, dans les environs de l’école, dans les rues et en rase campagne, ce qui prouve l’âpreté des combats.

Le capitaine Mac Bride fut évacué plus tôt pour une raison étrangère au combat. Le war neurosis (perte de contrôle de soi) semble avoir perturbé son comportement. S’agit-il en l’occurrence du fils ou d’un parent du général commandant la 80ème division U.S ? En tout cas, son attitude a intrigué un historien de la 80ème, M. Witzgall Fred, qui a cherché après guerre à en connaître les vraies raisons. S’adressant à des battle-fellows ayant combattu à Farébersviller, il leur a concocté un questionnaire pour connaître les faits précis qui conduisirent à l’hécatombe de la compagnie L. Et c’est W. Noël qui lui apporte des renseignements précieux. Hélas, nous ne saurons jamais pourquoi le capitaine Mc Bride a failli à sa mission. Par contre, W.Noël précise que lors de son interrogatoire : « les Allemands avaient pris nos plaques d’identité afin de faire infiltrer nos lignes par des Allemands parlant anglais ». A nouveau se pose la question : Peiper, lors de l’offensive von Rundstedt dans les Ardennes, a-t-il utilisé papiers d’identité, véhicules et armes pris à Farébersviller pour déguiser en faux Yankees les commandos allemands chargés de perturber les arrières américains ?**

* (Capturés par l’avant-garde de la colonne Joachim Peiper, les malheureux boys furent rassemblés dans un champ. Tentèrent-ils de reprendre les armes, de s’enfuir ? Ils furent abattus par les mitrailleuses d’équipages de blindés arrivés peu après. Le colonel SS n’était plus sur les lieux du massacre. Sa peine après guerre ayant été commuée à vie ne l’empêcha pas d’être libéré au bout d’une douzaine d’années de captivité. Venu s’installer en France, il trouvera la mort dans un incendie criminel à Traves en Haute-Saône. Ndr)

Les fantassins des deux autres bataillons U.S. du 317 agissant en pince pour envelopper la localité furent bloqués par la volte-face ennemie. Au sud, la ferme Bruskir changea plusieurs fois de mains. Beaucoup de fantassins du 1st Bn y furent capturés ainsi que dans le Buchwald. Quant au 2ème bataillon du 317 qui avait eu la mission de déborder par le nord, il s’accrochait difficilement aux pentes du Winterberg.

Face à ce désastre meurtrier, le 318ème régiment relaya le 317ème. Les deux pinces conjointes sur le Winterberg et le Bruskir, un instant fragilisées par la pression allemande, furent constamment alimentées. La ferme du Bruskir fut prise et reprise. Un officier de l’OSS traversa nuitamment les lignes allemandes en passant sous le pont de chemin de fer et remonta l’actuelle rue des Cerisiers pour rejoindre le bâtiment. Revenu en 1995, il précisa qu’il avait reconnu au premier coup d’œil le trajet qui l’avait conduit aux environs de la ferme. Ayant jeté une grenade par un des soupiraux, il y fit un carnage, la cave étant  remplie de blessés.

Les collines du Winterberg et de l’Uneracker furent le théâtre d’attaques et de contre-attaques continues. Les Américains qui avaient été refoulés des deux collines s’arc-boutaient sur les flancs, soutenus par leur artillerie présente sur le Kneebusch. Les nombreux blessés U.S. étaient brancardés vers le moulin Breidt où officiait un poste de premier secours. Les Allemands, maîtres des collines, durent reculer et creuser de nouvelles positions à l’arrière des sommets pour éviter les bombardements meurtriers de l’artillerie ennemie postée sur les hauteurs de Seingbouse.

Le 702ème bataillon de chars-destroyers (Red Devils) signalait dans son rapport avoir dû reculer à Farébersviller sous la pression ennemie. Il déplorait de lourdes pertes ; la 17ème SS signale 7 tanks ennemis détruits. Un jeune villageois certifie avoir vu le remorquage de 3 blindés U.S. retirés par des dépanneuses et des porte-chars amis.

Venus pour terrasser un adversaire idéologique, les Américains s’entouraient d’un luxe de précautions avant de tâter l’ennemi, n’hésitant pas à envoyer de généreuses volées de balles ou d’obus, histoire de vérifier si la voie était libre. Le fanatisme de certaines troupes adverses auxquelles ils furent confrontés les incitait peut-être à une trop grande prudence. Et nous comprenons aisément leur attitude : qui d’entre nous aurait voulu mordre dans la poussière si loin de sa patrie ? 

Libérant Farébersviller, les fantassins de la 80ème division furent relayés par les cavaliers de la 6ème armée blindée. Les villageois qui avaient souffert des privations imposées par le Reich en guerre découvraient avec des yeux ébahis le luxe venu d’outre-Atlantique. Nos compatriotes furent subjugués en premier lieu par la new food exportée des States. Plats cuisinés, chocolat, denrées invraisemblables conditionnées dans des boîtes et caisses paraffinées, couvertures de laine étaient avant tout destinés à édulcorer les rudesses de la guerre. Et les jeunes Mosellans, ravis jusqu’aux oreilles, découvraient le chewing-gum sur lequel ils épuisèrent vainement leur mastication.

Sur ordre de Patton, la 80ème division U.S., qui avait été mise au repos à Merlebach et environs, sera rappelée d’urgence dès le 18 décembre pour filer au Luxembourg contrecarrer la percée allemande dans les Ardennes démarrée le 16 décembre 1944. Suite à l’opération allemande Nordlicht amorcée du côté de Petit-Réderching-Bitche le 29 décembre 1944, (à ne pas confondre avec Nordwind = vent du Nord qui démarra début janvier 1945 dans les Vosges du Nord)  les Américains plièrent bagages  en catastrophe dans la nuit de la Saint-Sylvestre.

Farébersviller se retrouvera dépeuplé, exit la Blue Ridge Division. Mais le courage des troupes de Leclerc s’arc-boutant à Strasbourg rassura le quartier-général U.S. qui avait ordonné dans un moment d’égarement de rameuter ses divisions derrière Nancy ! Ike avait tout simplement craint que ses troupes trop avancées dans le cul-de-sac entre la Lauter et le Rhin (battle of Bulge  =  verrue) se fissent prendre au piège de la furia germanique.

Le 22 janvier 1945, les Français attaquèrent la poche de Colmar ; l’ennemi se retira derrière le Rhin.

Appelés eux aussi en renfort dans les Ardennes, les cavaliers de la 6ème blindée (installés d’abord à Macheren et Guenviller puis expédiés sur Bining) furent remplacés par les rudes fantassins de la 103ème division U.S. –la cactus division ! dont beaucoup de monde se plaignit. Sevrés de ravitaillement à cause des percées allemandes qui avaient désorganisé l’approvisionnement, ces derniers firent main basse sur les réserves constituées par nos villageois. S’agissait-il, comme certains le laissent entendre, d’anciens prisonniers sortis des geôles et à qui on avait demandé de se réhabiliter une conduite citoyenne au front ? Il y avait beaucoup de Noirs dans cette division.

Mi-février 1944, les Trailblazers venus de Wingen sur Moder s’installèrent devant Forbach. Les « popotiers » du 274ème régiment établirent leur cantonnement à Farébersviller à la grande joie des autochtones. Les sections de garde établies aux alentours du front venaient s’y ravitailler. Le poste de commandement dans lequel œuvrait le major-général Allier J. Barnett était établi dans le presbytère qui avait servi auparavant de Bürgermeisteramt au Ortsgruppenleiter.

Et Forbach attendit à son tour sa libération qui survint mi-mars 1945, mais ceci est une autre histoire !

Localisation des principaux antagonistes ayant participé à la bataille


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 « ….A 23 heures, Massu de son PC entend une canonnade dans Gros-Rederching et appelle Langlois en vain.

A deux heures du matin, une colonne de chars Sherman et deux half-tracks précédés d’une Jeep débouchent tous phares et projecteurs allumés par la route de Woelfling par laquelle était arrivée une colonne d’Américains. Un officier debout dans la jeep crie : « Americans ! Americans ! ». Confiant, le capitaine Langlois les laisse rentrer.

A peine 5 mn après leur arrivée, après avoir repéré toutes les positions, les fantassins américains accrochés  sur leur char sautent à terre et les Sherman par des coups imparables à bout portant détruisent les quatre chars du peloton du capitaine Rives-Henry, les Sherman Languedoc, Savoie II, Iseran et Maurienne.

Dans la confusion complète, ces pseudo-Américains, en fait des SS de la division Goetz von Berlichingen tuent à bout portant les Français repérés, en s’égayant dans les ruelles au sud de la grand-route.

Les SS vont se retirer  au bout d’une heure, après avoir fait un carnage, grâce à une félonie impardonnable pour des combattants. En se retirant, les SS emmènent même ceux qui étaient réfugiés dans les caves ainsi que leurs chars lance-flammes….